Premier article littéraire de ce blog, ce n’est pas trop tôt pour une étudiante en lettres… Je commence donc tardivement mais je commence fort car le premier livre que j’ai choisi de commenter c’est du lourd, aussi bien du point de vue de la renommée que du point de vue de la difficulté. Je compte en effet parler de (et là si vous lisez les titres vous vous en doutez déjà) Madame Bovary de Flaubert.
J’ai mis du temps à me décider pour lire ce livre. Déjà parce que Flaubert ne fait pas vraiment parti de mes auteurs favoris. Mais surtout à cause de tout ce que j’ai entendu sur cette œuvre ; sachant que des opinions allant de « Ah ! Tu comptes lire Madame Bovary ? Bon courage parce qu’il faut s’accrocher… » à « Non tu vas pas lire ça ?! Mais il est trop chiant ce bouquin ! » on peut comprendre que j’ai hésité à commencer ma lecture. Pourtant ce livre n’est pas si ennuyeux. Comme je m’attendais à pire, je dois avouer que j’ai été assez agréablement surprise.
Je vais donc commencer mon petit compte-rendu. Je n’ai pas vraiment l’habitude de faire ça par conséquent je ne sais pas ce que ça va donner…
Par contre attention : je vais partager mes impressions sur les personnages et certains passages de l’oeuvre, par conséquent il va y avoir quelques révélations. Donc si vous n’avez pas lu ce livre, que vous souhaitez le faire et que vous ne voulez pas connaître la fin avant, passez votre chemin. Quoiqu’en même temps ça serait étrange que vous ne connaissiez pas l’histoire même sans avoir lu ce roman : c’est assez connu. Personnellement je connaissais la fin du livre avant de le commencer mais ça ne m’a pas géné, au contraire à certains moments ça me faisait plaisir…
Ainsi je ne suis pas tout à fait d’accord avec mon entourage concernant cette œuvre. Bien sûr c’est un livre long et pas facile à lire. Déjà le style n’est pas très simple d’accès et le vocabulaire est parfois recherché, mais ce n’est pas si terrible. Par exemple j’ai préféré ça à Proust. Ah ! Proust et ses phrases de trois kilomètres de long ! Toute une histoire… Enfin bref, revenons à Flaubert. Il y a des passages très ennuyeux dans Madame Bovary parce que soit il ne se passe rien (dans le genre Emma Bovary qui déprime, palpitant…), soit il se passe quelque chose mais c’est décrit d’une façon tellement peu mouvementée qu’on a l’impression que les actions se déroulent au ralenti et on s’endort.
Mais il y a dans ce roman des chapitres qui ne sont pas ennuyeux. Il m’est arrivé à certains moments de lire 20 ou 30 pages d’affilée sans ressentir de monotonie. Bon ok il m’est arrivé le contraire aussi.
Hum ! Je me rend compte que tout ça n’est pas très encourageant pour le moment...
En ce qui concerne les personnages je dois dire que c’est ce qui m’a le plus énervée dans ce roman. Je les ai trouvé tous (ou presque) profondément antipathiques et/ou ennuyeux.
Emma Bovary : personnage principal de l’histoire et personnage qui m’a principalement agacée. Elle est insupportable : à la fois trop naïve, trop manipulatrice, trop capricieuse, trop stupide, trop dépressive, trop amoureuse (sauf de son mari), trop cruche, trop rêveuse, trop collante… bref le mot pour la qualifier c’est trop ! Et c’est trop énervant à la longue ! Pendant tout le roman j’ai eu envie de lui coller des paires de baffes ! En fait le seul truc pour lequel j’ai eu l’impression qu’elle n’était pas trop bête c’était pour manipuler son mari, là c’est sûr elle sait y faire !
Charles Bovary : quand on parle du loup… Alors lui c’est le couillon ! Il est gentil Charles, hein ! Mais alors qu’est ce qu’il est con ! C’est pas possible d’être aussi con ! Franchement s’il y avait un dîner de cons des personnages littéraires, il raflerait la palme haut la main ! En plus ce mec est complètement aveugle, sa femme pourrait le faire cocu sous ses yeux il ne s’en rendrait même pas compte ! D’ailleurs c’est ce qu’elle fait, elle va jusqu’à s’envoyer en l’air dans leur jardin avec son amant pendant qu’il est tranquillement en train de dormir dans leur chambre. Pour décrire son personnage, Flaubert écrit : « Charles n’était pas de ceux qui descendent au fond des choses ». Je ne pense pas qu’on puisse trouver meilleure définition.
Mr. Rodolphe Boulanger de la Huchette : oui dit comme ça il a un nom à coucher dehors, mais la plupart du temps il est simplement appelé Rodolphe et il ne couche pas dehors, mais avec Emma…quoiqu’il lui arrive de coucher dehors avec Emma…enfin bref ! C’est donc l’amant d’Emma Bovary, le premier avec qui elle trompe son mari et celui dont elle tombe vraiment amoureuse. Manque de chance pour elle, dés le départ, on comprend qu’à ses yeux elle est surtout un plan cul et il la laissera tomber avec une magnifique lettre d’adieu (A Dieu même…) pleine d’hypocrisie. Si vous n’avez pas lu ce roman, il y a des chances que vous connaissiez cette lettre, elle est souvent étudiée au lycée. Donc Rodolphe c’est l’amant manipulateur et hypocrite, bref le salaud. Le truc c’est qu’il est un peu lâche pour un salaud et il m’a un peu énervée à balancer entre l’amant aimant et le séducteur libertin, puis il est loin d’avoir le charisme de Valmont. En même temps, il m’est plutôt sympathique parce qu’il vient pervertir Emma au moment où le livre est le plus ennuyeux puis il la largue et c’est bien fait pour elle, elle avait qu’à être moins soûlante !
Mr. Léon Dupuis : le deuxième amant. En fait il est sur les rangs en premier, mais au début Emma n’ose pas tromper son mari donc il part et Rodolphe lui pique la place, comme on dit les absents ont toujours tort. Finalement il retrouve Emma après qu’elle est été lâchement abandonnée par Rodolphe et ils se mettent à filer le parfait amour. Un parfait amour qui finit par devenir ennuyeux pour Emma et le lecteur. Y a pas grand-chose à dire sur Léon, on dirait un peu un mélange de Charles et Rodolphe : il n’est pas complètement con mais c’est parfois limite, puis il joue l’amant mais avec un peu moins de panache que Rodolphe. En comparaison avec les deux autres, il fait un peu plat.
Après il y a d’autres personnages qui gravitent autour du couple mais ça serait trop long de parler de tous et comme cet article commence à être extrêmement long, je vais vous laisser les découvrir par vous-même.
Avec tout ça on ne dirait pas que j’ai aimé cette lecture et pourtant c’est le cas. L’une des choses qui m’a le plus plût( ?) c’est le style de Flaubert et notamment certaines petites phrases pleines d’ironie qui tombent à pic. Parce qu’à certains moments, Flaubert ponctue son récit de petites allusions ou de tournures de phrases qui ont un petit côté cynique et ça m’a beaucoup fait sourire. J’en ai relevé quelques unes…
Lorsque Rodolphe tente de séduire Emma au début, il lui propose une ballade à cheval et Charles ne voit aucun mal à cela, au contraire il encourage vivement Emma à faire de l’exercice. Ainsi suite aux discussions du couple sur les bienfaits qu’aurait une promenade à cheval on peut trouver cela : « Charles écrivit à Mr. Boulanger que sa femme était à sa disposition et qu’ils comptaient sur sa complaisance. » Autant dire qu’il n’a pas fallu le dire deux fois à Rodolphe. Et Charles en rajoute une couche au retour d’Emma, après une halte passionnée avec Rodolphe dans la forêt, en disant à sa femme que cette promenade avait l’air de lui avoir fait beaucoup de bien et quelle devrait recommencer. Là aussi ce n’était pas la peine de lui dire deux fois.
On peut aussi citer la réponse que Charles fait à Léon lorsqu’il apprend, après la mort d’Emma, que le jeune homme s’est marié : « Comme ma pauvre femme aurait été heureuse ! » En fait je ne suis pas persuadée qu’elle aurait appréciée de savoir que son amant s’était marié, mais bon…
On en arrive au dernier point, l’un de mes passages préféré : la mort d’Emma ! Oui parce qu’elle meurt à la fin. Bon déjà elle m’a tellement énervée que ça m’a presque fait plaisir ; je crois que c’est la première fois que je suis aussi contente de voir mourir un personnage de roman. Mais en plus ce que j’ai apprécié c’est que les quarante dernières pages de l’œuvre sont vraiment prenantes : il n’y a plus de temps mort, certains moments sont plein de tension et Emma apparaît pitoyable. En fait c’est le seul moment où elle m’a fait de la peine, amis pas autant que le pauvre Charles qui prouve à quel point il l’aimait. D’ailleurs c’est avec sa mort que l’on voit qui sont les personnages qui tenaient vraiment à Emma, et contrairement à ce qu’on pourrait croire ce ne sont sûrement pas ses amants !
La scène de la mort d’Emma est impressionnante, ça dure assez longtemps, à un moment on pourrait croire qu’elle va s’en sortir (sauf maintenant que vous avez lu mon article, j’avais dit que je parlerais de la fin) mais non la situation empire. C’est vraiment un moment prenant ! Par contre, j’ai trouvé étrange que le prêtre lui rende les derniers sacrements, sachant que ce qui lui arrive est sa faute et que tous les personnages présents semblent le savoir.
La scène de l’enterrement est émouvante mais je trouve que le meilleur hommage qui lui est rendu est celui de Justin :
« Sur la fosse, entre les sapins, un enfant pleurait agenouillé, et sa poitrine, brisée par les sanglots, haletait dans l’ombre, sous la pression d’un regret immense plus doux que la lune et plus insondable que la nuit ».
Je pense que je vais conclure ce commentaire sur cette magnifique citation. Cet article est vraiment très long ! C’est peut-être dû à l’influence de Flaubert, bien que le style soit loin d’être le même. En tout cas j’espère que ce n’était pas trop long et trop ennuyeux à lire.